La place des industries créatives dans l’événementiel de demain

Par Angelina Condessa - Chargée de communication Plaine Images

La crise du coronavirus a chamboulé nos manières de penser et d’organiser des événements. Les réunions Teams ont remplacé nos points imprévus autour de la machine à café et nous avons pu expérimenter de nouveaux formats comme les concerts en VR, les salons virtuels, les webinars en voiture ou encore les escape games en Zoom.

La Plaine Images avait elle aussi repensé sa programmation événementielle : podcasts, webinars, mise en ligne des replays sur YouTube… Mais notre équipe a également profité de ce temps pour imaginer nos offres de demain ! Car, on ne va pas se mentir, nous avons besoin de nous retrouver en trois dimensions, comme avant (ou presque).

Mais à quoi ressemblera l’événement de demain ? Le virtuel va-t-il disparaître ? Et quelle place prendront les industries créatives ?

Un impact non-négligeable et inattendu

La crise sanitaire que nous traversons depuis plus d’un an maintenant a touché tous les secteurs d’activité ; l’événementiel n’y a pas échappé et est même l’un des plus fragilisés, avec des pertes estimées à 15 milliards d’euros.

Pourtant, le secteur connaissait une « insolente croissance » depuis le début des années 2010. Le groupe GL Events en est un exemple phare ; entreprise française devenue acteur international avec 950 millions de CA. En 2018 French Event Booster, le 1er incubateur français dédié aux acteurs de l’EventTech naissait et la première promotion avec. Mais l’arrivée inattendue du coronavirus a tout balayé sur son passage. Fermeture des lieux de réception, normes sanitaires et distanciations physiques, hausse du télétravail qui a entrainé la baisse des événements internes d’entreprises… Le secteur de l’événementiel, parfois perçu comme trop ancré à ce qu’il connaît, a eu un à faire un choix crucial : sombrer ou s’adapter.

L’ère du digital et du virtuel

La transformation numérique du secteur a été fortement accélérée par la situation. Face à ces nouvelles contraintes, la digitalisation est apparue comme une solution évidente.

Certaines entreprises déjà existantes ont fait évoluer leur offre en ce sens et ont pu se développer très rapidement. D’ailleurs, la plus grosse levée de fonds du secteur a eu lieu le 2 décembre 2020, en pleine crise sanitaire. Bizzabo, d’abord fournisseur de solutions technologiques dédiées aux événements physiques, s’est associé à Kaltura pour lancer une plateforme d’événements en ligne dès mars 2020. Résultat : 138 millions de dollars ont été levés. Aujourd’hui, la solution propose à tous les événements physiques d’avoir leur version digitale.

D’autres entreprises ont profité de la crise pour naître, en proposant des solutions concrètes à des problèmes urgents. Et en ce point, la stratégie du « co » a été primordiale. À l’instar du roi Arthur qui a réuni des chevaliers autour d’une table ronde afin de mener la quête du Graal, ce qui pourrait apparaitre comme « les prémices de l’intelligence collective », certaines structures se sont regroupées pour imaginer ces solutions. C’est le cas par exemple de la plateforme Saloon (qui permet de créer des événements en ligne), créée en moins d’une semaine par trois PME : Plezi, Livestorm et Crisp.

Des événements en ligne plus écologiques, économiques et inclusifs

Ce sont les avantages majeurs offerts par les événements digitaux, car « les versions dématérialisées sortent les événements des contraintes temporelles ou logistiques inhérentes au physique ».

La question de la RSE et de l’engagement a fortement été accélérée par la crise. Un événement en ligne sera plus écologique car il engendrera moins de déplacements de marchandises et de personnes, moins de pollution due à la création de décors et moins de problématiques liées au catering par exemple. Une étude réalisée après le Sommet Virtuel du Climat (événement 100% virtuel sur 8 jours) a montré que l’équivalent en tonnes de CO2 avait pu être divisé par 15 en comparaison avec une version physique.

sommet virtuel climat rse chiffres

 

Ils sont également plus économiques d’un point de vue financier et temporel. Aujourd’hui, les agences estiment qu’il faut environ deux à trois semaines seulement pour organiser un événement digital, contre plusieurs mois pour un événement en présentiel.

Plus d’inclusivité enfin pour les publics. En effet, la barrière de la langue peut être facilement brisée avec des sous-titres, les contenus sont disponibles en replay pour ceux qui n’ont pas pu se libérer, et la question du prix d’accès est importante. Si l’on prend l’exemple de la GDC de San Francisco, un billet accès aux expos sur la version 100% digitale de 2020 était entre 99$ et 149$, contre 349$ pour l’édition de 2022 qui aura lieu en présentiel ; et cela sans compter les frais annexes de transport, logement, nourriture, etc.

Les événements en ligne ont donc beaucoup d’avantages et répondent, de manière plus large, à des problématiques de société fortes.

Mais l’essence de l’événementiel est « la promesse d’une rencontre »

Lassitude, besoin de se retrouver, manque d’envie… Le modèle du 100% digital n’était qu’un pansement. Les chiffres et retours du CES 2021 le démontrent : une baisse de plus de 60% du nombre de visiteurs sur les 4 jours du salon, plus de la moitié d’exposants en moins par rapport à l’édition précédente avec des grands absents comme Google et Amazon, et une plateforme en ligne dont l’expérience utilisateur a été qualifiée de « déplorable ».

L’événementiel, c’est une histoire de connexion humaine, d’échanges, de rencontres. Comme Aristote puis Montesquieu le défendait, l’Homme est un animal social·ble. Dans son ouvrage « La rencontre, une philosophie », Charles Pépin évoque à son tour la « nature relationnelle de l’animal humain ». Depuis toutes les disciplines, l’Homme est fait pour rencontrer physiquement les autres.

La rencontre, expliquée par le philosophe Charles Pépin #CulturePrime

 

Comment imaginer l’événement de demain ? Et à quoi ressemblera-t-il ?

Malgré les points négatifs que nous pouvons trouver aux événements en ligne, tout n’est pas à jeter. Au contraire, il faudra aux acteurs du secteur utiliser les bons côtés du digital pour inventer l’événement de demain, qui sera de ce fait différent de celui d’il y a 3 ans. Le risque aujourd’hui pour la filière est de vouloir revenir au monde « d’avant » et de succomber à ce qu’on appelle « l’Effet Einstellung ». Autrement dit, se diriger vers un modèle rassurant et maîtrisé, mais qui ne sera pas efficace ; « quand l’expérience est l’ennemie de l’innovation ».

C’est ici également que le pouvoir du collectif refera surface. L’innovation, comme nous l’avons vu avec l’exemple de Saloon, vient en s’associant avec d’autres acteurs pour trouver des solutions ensemble.

Il est à parier que le futur de l’événementiel sera basé sur plusieurs points.

Tout d’abord, l’hybridation ou phygitalisation.
Les avantages du digital, dont nous parlions plus tôt, étant en accord avec l’évolution de la société (plus responsable, éthique), ce modèle sera gardé. Mais il apparaîtra davantage en complément d’un événement physique, devenu un besoin tant pour les entreprises que pour le public.

La fragmentation sera un point important pour faciliter l’accessibilité.
Les événements dits « éclatés » se multiplieront. Que ce soit d’un point de vue sanitaire, inclusif ou écologique, les micro-événements dispersés sur tout le territoire offrent plus de possibilités. Au lieu d’organiser une grande convention réunissant 20 000 personnes, 10 conventions de 2 000 participants pourront avoir lieu dans 10 lieux différents.

L’expérience immersive au cœur des enjeux de demain.
Faire vivre une expérience au visiteur était déjà un point crucial de l’événementiel « d’avant », afin de s'affranchir des « contraintes du réel ». Aujourd’hui, tous les professionnels s’accordent à dire que pour marquer les esprits, il faut être différent et donc miser sur l’expérience. En ce sens, l’immersion a une place de choix pour plonger la cible dans son univers, la faire adhérer à une idée, l’impliquer davantage dans le moment, et surtout ancrer l’événement dans sa mémoire. Le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes l’a bien compris et a créé son extension virtuelle : Cannes Virtual Events. Une solution pour apporter une valeur ajoutée aux événements physiques et relancer l’événementiel dans cette destination d’affaires de premier rang. Créée en partenariat avec Laval Virtual, c’est une première dans l’industrie des congrès et salons.

Quelle place pour les industries créatives dans tout ça ?

Les industries créatives ont beaucoup à gagner et devront miser sur le cross industry afin de s’imposer comme des acteurs innovants.

Dans le milieu du jeu vidéo, nous avons pu assister pendant les confinements à l’arrivée de marques sur des jeux comme Animal Crossing et Fortnite. Le développement de Twitch est à surveiller également, avec de plus en plus d’événements qui y ont lieu, tel que le Z Event. Enfin, la gamification se développe de plus en plus avec des solutions qui se sont adaptées au télétravail notamment, et qui vise à favoriser l’engagement des participants (un point mis à mal par les événements digitaux). On parlait notamment de gamification et de RSE dernièrement avec Alexandre Duarte, co-fondateur de Fidbak, solution de gamification pour les entreprises.

L’audiovisuel sera sûrement l’un des secteurs les plus sollicités. Des captations vidéo pour uploader les replays des événements par la suite aux plateaux équipés pour des événements retransmis en direct, l’image a un sens toujours plus fort. Mais c’est l’audio qui s’est le plus développé pendant la crise, et sur lequel il faudra miser. Moins consommateur de données, il est un outil low-tech qui séduit, en témoigne le succès des podcasts ou de ClubHouse. D’ailleurs, vous pourrez retrouver ici une émission de podcasts consacrée aux métiers de l’événementiel : « The show must go on » (#inception).

L’immersion étant un axe important de l’événementiel de demain, les technologies immersives y ont bien entendu une place de choix. Mapping 360°, hologramme, dôme géodésique, casque de réalité virtuelle, application de réalité augmentée… Les options sont nombreuses quand on parle de AR/VR/XR. Un des exemples les plus médiatisés de ces derniers mois est l’Atelier des Lumières, qui a accueilli de nombreuses expositions, mais aussi des événements d’entreprise. Le rapport PwC’s Future Forecast annonce que les dépenses mondiales en XR atteindront les 150 milliards d’euros d’ici à 2023.

PWC dépenses XR VR AR
Pour organiser votre événement d’entreprise à la Plaine Images, et faire appel à nos entreprises spécialisées dans les industries créatives, on vous donne rendez-vous sur notre page dédiée. (D'ailleurs, on vous prépare un événement plutôt chouette pour 2022, restez connectés...)

Pour finir, et comme l’a déclaré ici Denis Remon, directeur de l’événement chez Paris Society, « l’enjeu de l’expérience, du plaisir et de l’interaction est clé dans notre manière d’appréhender les événements à l’avenir ».